Royal cabanon
"Mais pas un mot, pas un bruit, compris ?"
L'été du dessin
La forme sauvage des esprits vagabonds
William Henry Pratt l’oeuvre complète , VOL . 1
DNSEP
“ Mais pas un mot, pas un bruit, compris? Ce que tu vas voir représente biendes années de travail. Le moindre bruit peut les détruire. Alors tais-toi et marchedoucement ! »
Bastien acquiesça, et ils quittèrent la cabane. Derrière s’élevait une
charpente d’extraction en bois sous laquelle un puits s’enfonçait à la verticale dans les profondeurs de la terre. Ils la dépassèrent et gagnèrent l’étendue de neige.
C’est alors que Bastien vit les images, elles gisaient là, comme couchées dans de la soie blanche, semblables à de précieux joyaux.
C’était des tablettes d’une minceur extrême, dans une sorte de mica transparent et coloré, il y en avait de toutes tailles et de toutes formes, des rectangulaires et des rondes, certaines incomplètes, d’autres intactes, larges comme des vitraux d’églises ou petites comme de miniatures sur une tabatière. Elles étaient approximativement classées d’après la taille et la forme et alignées en rangées qui s’étendaient jusqu’à l’horizon dans la plaine blanche.
Les scènes représentées sur ces images étaient énigmatiques.
Il y avait là des créatures déguisées qui semblaient flotter dans un grand nid d’oiseau, des ânes portant des toges de magistrats, il y avait des montres qui se liquéfiaient comme du fromage mou et des marionnettes debout sur des places désertes, éclairées d’une lumière acide. Il y avait des visages et des têtes entièrement composés d’animaux et d’autres qui formaient des paysages.
Mais il y avait aussi des images très ordinaires, des hommes en train de faucher dans un champ de blé, des femmes assises sur un balcon. Il y avait des villages de montagne et des paysages de mer, des scènes de guerre et des représentations de cirque, des armes, des pièces et encore des visages, vieux et jeunes, sages et candides, sombres et gais, de Fous et de Rois.
Il y avait là des images lugubres, des exécutions et des danses de mort, et d’autres très gaies: des jeunes sales à cheval sur un morse ou bien un nez qui marchait, salué par tous les passants.
Plus il se promenait le long de ces images et moins Bastien parvenait à comprendre de quoi il s’agissait. Une seule chose était claire: tout était représenté là-dessus, même si c’était en général selon un agencement bizarre.” *

* L’histoire sans fin, Michael Ende, Livre de Poche, 1998, p.467-468

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